Les albums ci-après m’ont accompagné durant le confinement. Et bien encore après, pendant cette longue période de télétravail (cela fait trois mois que je suis chez moi). Beaucoup d’albums d’ambient, d’ambiances faussement calmes, de vibrations et de vrombissements, de nappes synthétiques.
J’ai sous-alimenté ce blog ce dernier trimestre. Mais, la vie nous a pas mal matraqués ces mois d’été, et j’ai été happé dans le tumulte des jours. Alors pour tenter de ralentir la course folle, voici quelques images des lieux parcourus…
Faute avouée à moitié pardonnée : je n’avais jamais mis les pieds à Mons, en Belgique. Donc, c’est avec une motivation décuplée que j’ai découvert (disons entre-aperçu) la ville pour me rendre à l’exposition consacrée à David Lachapelle, au BAM. After the deluge présente deux périodes créatives différentes, séparées par le virage artistique opéré par le photographe, après avoir été chamboulé et bouleversé par les fresques de Michelange à la chapelle Sixtine à Rome. Ses photographies – aux dimensions gigantesques – conservent volontairement l’esthétique et les codes des images publicitaires des magazines, de la mode et de la pub. Mais surtout, ses images empruntent des références allégoriques et des représentations bibliques, et font se télescoper des icônes religieuses et des popstars, amplifiant le bling-bling et le consumérisme jusqu’à l’outrance. Ses photographies brouillent alors les limites du réel et de l’artificiel, du spectacle et de la représentation, du sacré et du profane. Courant 2008, ses créations prennent un caractère d’urgence, illustrant les crises financières de l’époque, invoquant Andy Warhol.
Conservant son gout des compostions soigneusement construites et aux couleurs flashy, Lachapelle peint ses négatifs photographiques à l’aide de pigments, dans une nouvelle série (datant de 2017), et réintroduit l’homme dans une version toute personnelle du rêve exotique et du changement existentiel.
Suite à l’expo’, s’en suit une balade dans la ville, tout en construction et en images…
Si le nom de Gerhard Richter ne vous dit encore rien, vous avez sûrement déjà vu certaines de ses œuvres illustrant d’autres créations artistiques, comme par exemple la couverture de l’album Daydream Nation de Sonic Youth. Le musée municipal d’art actuel de Gand (le SMAK) consacre une grande exposition au peintre allemand, bornant ainsi deux moments de sa longue carrière (55 ans !) : ses débuts et ses réalisations actuelles.
Si les premières œuvres présentées sont des peintures quasi-figuratives, avec le côté flou et éthéré qu’on lui connait, oscillant entre le vrai et le faux, ses dernières créations recèlent de couleurs et de textures. L’expo se ponctue avec une construction enchevêtrée de verre, semant le trouble dans son opacité et rappelant telle une boucle, la première sculpture nommée 4 fenêtres, placée au départ de l’exposition.
Une autre surprise m’attendait dans ce lieu. Une autre exposition, intitulée The Photographic I – Other Pictures comportait des œuvres nouvelles et existantes d’une vingtaine d’artistes et de photographes internationaux des années ’60 à aujourd’hui : Tina Barney et ses postures improbables, Lewis Baltz et ses villes fantômes, Wolfgang Tillmans, Marc Trivier, Doug Rickard et ses captures de photos depuis le web, Mohamed Bourouissa…
J’ai beaucoup de choses à vous raconter et à vous partager, mais peu de temps pour le faire. Les dix dernières journées ont filé à 200kmh… mais c’est le lot de tous, non ? Récapitulatif des jours précédents.
/ Samedi
Après deux tentatives ratées, j’ai enfin réussi à visiter le Non-Lieu à Roubaix (mais il faudrait un article de blog rien que pour présenter cet endroit ultra-surprenant et je le ferai dans une autre publication). A la suite de cette totale découverte, je me suis rendu à l’inauguration du tiers-lieu La Draperie Jouret (sur Roubaix également) et j’ai pu y voir les clichés noir et blanc réalisés et exposés à cette occasion par Hervé Dorval. Mais surtout, cette inauguration m’a permis de retrouver – le temps d’un mini-concert – le Spectrum Orchestrum, combo à cinq têtes officiant dans un jazz spacial, progressif, tonitruant et inspiré. Je les avais déjà vu dans un précédent concert sur Villeneuve d’Ascq, il y a quasiment plus de deux ans, mais depuis la formation a pris encore plus d’assurance et de prestance. Il se murmure la possibilité d’un nouvel album pour début 2018, qui donnerait une suite à Suburbs.
Le CRP des Hauts de France propose une petite installation à visiter dans le hall de l’hôtel de Région, qui est en fait un aperçu d’une plus grande expo intitulée Resilient Images, présentant les œuvres photographiques et vidéos de Justine Pluvinage et David Schalliol.
Je ne donne pas plus d’explications sur la façon dont cela s’est fait, mais grâce à mon amie Coralie, j’ai été invité à assister à une visite commentée de l’exposition Performance, au Tri Postal. Accompagnée de Céline, nous nous sommes immergés dans une exposition présentant la performance ; pratique artistique, à la fois visuelle, à la fois proche du spectacle vivant, avec un côté résolument éphémère, unique, one-shot de l’ordre du dépassement. L’exposition se veut comme un recueil de traces laissées ou encore comme un médium ayant enregistré ou capté des performances (par la vidéo notamment), jusqu’à l’impossibilité de documenter, de figurer l’acte artistique.
Je suis resté sans voix devant la projection hypnotique de data.tron de Ryoji Ikeda, disposée à la toute fin de la visite. D’abord parce que je ne m’attendais pas à y voir cet artiste représenté dans cette exposition. Et parce que cette œuvre immersive est renversante.
/ Mercredi
Je viens de terminer la lecture des quatorze premiers épisodes de la série Injection par Warren Ellis et Declan Shalvey, et c’est de mon point de vue certainement l’une des séries les plus inspirées de ce scénariste. Transmetropolitan m’avait paru déjà trop daté en raison d’une lecture trop tardive (mais c’est de mon ressort après tout), Planetary m’avait semblé vraiment inabouti (des tas d’idées étaient lancées sans jamais être exploitées et les personnages restaient en surface), mais je place Injection tout de suite bien au dessus de ces deux séries. C’est hyper contemporain, un peu ésotérique, ça mixe de l’action et des moments bien barrés, mais en même temps, ça reste gonflé de concepts tels que les learning machines et le hacking, et la série ne tombe pas dans les effets faciles. Graphiquement, ça ne s’essouffle pas un instant.
J’ai un cousin formidable, capable de pister Dave McKean, perdu quelque part dans le Val d’Oise pour me ramener une dédicace de Black Dog (les rêves de Paul Nash).
You rock, guy !
/ Dimanche
Godspeed You ! Black Emperor, encore. Le groupe s’est produit à la Condition Publique de Roubaix, et y jouait l’intégralité de leur dernier LP Luciferian Towers. C’est la quatrième fois que je croise leurs tournées. Leur albums m’accompagnent depuis plus de quinze ans déjà.
Pour la première fois, j’y ai emmené ma plus grande fille pour écouter et contempler leur rugissement et leur colère soniques.
Ce blog n’est pas mort. Je tente de lui insuffler un regain de vie. La preuve avec ce nouveau billet.
Chaque 14 juillet, je fuis la fête nationale. Et je file en Belgique. En 20016, j’avais passé la journée à Gand (Ghent). La semaine dernière, je suis retourné à Anvers (Antwerpen).
Pour me repérer dans la ville, j’ai eu recours à l’appli OSMAndMaps. J’ai définitivement supprimé GoogleMaps sur mon iphone, et ceci dans un souci de protection de mes données personnelles. Cette appli’ permet de télécharger, pays par pays, les cartes d’OpenStreetMap sur un mobile. Il vous faut juste encore un peu d’espace de stockage disponible sur le terminal. Une fois les cartes installées, plus besoin de 3/4G, ni de connexion, ni de géo-localisaion pour les utiliser. Je dispose ainsi de cartes précises et mises à jour tout en restant transparent : aucun enregistrement de mes déplacements, aucun recueil de mes annotations sur la carte.
A quelques mètres du MAS, nous avons traversé le Felix Warehouse (lieu de stockage de 24 000 m² sur cinq niveaux)…
Puis, direction le très surprenant tunnel St Anne (572 m de distance, à 31m de profondeur sous l’Escaut) et son style Art Déco…
Les fresques street-art Kopstraatje, la place Oudaan et diner au Mercado… puis, nous sommes allés nous abriter de la pluie dans les ruelles Vlaaikensgang.
La pluie n’a pas duré – juste assez pour rafraîchir le jardin botanique, situé Leopoldstraat, à côté de l’hôpital.
Ensuite, nous nous sommes perdus au hasard des rues… jusqu’au comics-shop Mekanik Strip.
Last but not least, un petit détour dans le quartier Zuid, pour admirer le délire archi-art nouveau de la maison située au 2 Schilderstraat.
Le mois de juillet est déjà quasiment plié. Et j’ai déjà laissé filé du temps depuis le précédent article. Dans mon billet du 29 juin, j’évoquais une soirée passée en compagnie de Pascal Pronnier. Durant notre déambulation dans Lille, il remarqua les très nombreuses affiches pour un concert qui allait se dérouler le 12 juillet. Dans toute la ville, on annonçait le Requiem de Verdi, joué au grand stade avec 300 artistes : les musiciens de l’Orchestre National de Lille, les chanteurs du chœur régional Nord-Pas-de-Calais et du chœur Nicolas de Grigny – Reims, un orchestre, quatre chanteurs lyriques, dirigés par Jean-Claude Casadesus. J’avais mes billets depuis février.
Le spectacle fut de très haute qualité. Si l’idée d’assister à une œuvre classique dans un stade de foot peut rebuter certains, laissez tomber cet a priori. Le son était magistral.
Le requiem de Verdi se trouve être une œuvre hyper ecclésiastique, pleine de contrastes, alternant des séquences d’énergie, de tumulte, de murmures, de chuchotements. Emprunt d’un certain romantisme de la mort, cet opéra religieux évoque le châtiment divin, la fin du monde et la libération.
Dans sa newsletter, Sean Bonner – en citant un article sur les effets indirects des réseaux sociaux sur la santé physique et émotionnelle – a récemment écrit : “A better idea is to start blogging again“. Alors, du coup, je le prends au mot. Et je tente de relancer les articles de ce blog. Avec ce nouveau fragment.
Mardi, j’ai passé la soirée à discuter avec Pascal Pronnier autour de quelques verres et d’une pizza quelconque. Pascal est un photographe né en Normandie, résidant et travaillant à Nice. Il réalise des photos léchées à la fois corporate et institutionnelles ou encore des clichés d’architecture, mais pas que… Il crée aussi des images inspirées avec son leica, issues de ses séjours en Iran, ou avec son holga fracassé et chargé d’une ultime pellicule 120. Exceptionnellement présent sur Lille pour deux journées de shooting au casino Barrière, je ne l’avais pas revu depuis… douze ans. Je lui fais confiance sur le calcul du timing car j’ai toujours eu un mal fou à estimer les valeurs (de temps, de distance, de volume, d’effectif).
Pascal Pronnier est donc photographe, mais pas que… Pascal est aussi le fondateur du forum h0lg4, communauté en ligne qui rassembla durant la seconde partie des années 00’s, des photographes avertis et apprentis. Le site réunissait des bidouilleurs de toys cameras, où chacun venait publier et partager ses essais au lc-a lomo, au holga (†) ou encore au lubitel. Je fais mon ancien combattant dans ces quelques lignes, mais j’évoque là une époque préhistorique du web. Facebook n’avait qu’une interface en anglais, Flickr n’avait qu’à peine pris son envol, Instragram n’existait pas, et l’on codait nos sites à la main. Faute de haut débit, les images s’affichaient progressivement à condition de les enregistrer en mode entrelacé. Le forum h0lg4 était donc un espace de publication d’images, une zone d’inspiration photographique, un garage d’essai et un groupe d’émulation 1.0. J’utilise le passé, car je ne sais pas ce que devient ce forum aujourd’hui. Au cours de la soirée, Pascal évoquait lui aussi avoir été aspiré par la vie et il n’a plus qu’une vision distante du site.
C’est sur ce forum que j’ai rencontré IRL des photographes comme Yann Orhan, Franck Juery et Didi Abdelwaheb. Je n’aurai croisé qu’une seule fois Fabien Barrau, Leonard Cohade et Jaak. Avec Pascal, nous avons poursuivi notre name-dropping en citant aussi Cyril Auvity ou trucnul (aka Gaëtan Rossier). C’est aussi sur h0lg4 que j’ai retrouvé MylauMo, mais cette histoire mérite un autre billet à lui tout seul.
La suite de la soirée s’est achevée par une balade sur le béton chaud et sous le ciel chargé, entouré par les façades de verre d’EuraLille. Et c’est sous les néons des immeubles que nous avons tenté de résumer douze années d’interlude, où Pascal a évoqué Nice et les attentats, l’Iran et ses lumières, mais aussi ses rêves et un peu ses regrets. Bon retour à Nice, Pascal !
Si vous êtes allé(e) jusqu’au bout de cet article, je suis Benoît Debuisser. J’ai tout juste 44 ans aujourd’hui, je suis photographe et vous lisez mon blog.
Il y a quelques mois, je vous avais mentionné cette création avec Jérôme Benitta, intitulée Jacklighting. Voici la courte description de l’ouvrage actuellement en cours d’impression :
“Le Jacklighting est une technique d’éblouissement des animaux pour pouvoir les approcher de très près, afin de les étudier, les photographier. S’inspirant du travail du photographe animalier Georges Shiras, le peintre Jérôme Benitta en collaboration avec le photographe Benoît Debuisser ont récréé cette ambiance nocturne en associant illustrations et images du net.”
L’Atelier Riso-Presto a finalisé cette lumière nocturne en proposant une impression risographique dorée sur papier noir.
Si vous suivez ce blog, vous retrouvez cette démarche et une partie des images que j’ai pu collecter et assembler sur le web dans les publications tagguées #rhzm. Je vous en reparle dès que la revue est disponible. Stay tuned !
slasher aera
reading : Hellblazer #225 / La couleur tombée du ciel d’HP Lovecraft / Porcelain de Moby / Le cœur des ténèbres de Joseph Conrad / Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley / Pretty Deadly volume 1 de Kelly Sue DeConnick et Emma Rios / Le chat d’Enoshima de Slocombe et Nemiri / Arkham Asylum de Grant Morrison et Dave McKean watching : Mister Robot / listening : Long Ambient 1 : Calm. Sleep. de Moby / De Kløvede Enge, De Bombarderede Marker de Genoasejlet / Elephant de Dag Rosenqvist / Works d’Abul Mogard / If I Can’t Handle Me at My Best, Then You Don’t Deserve You at Your Worst d’Helena Celle / Wildflower de The Avalanches / Tense Nature de Brian Case /
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